Historique

Au début des années 80, des professionnel.les des services sociaux réalisent qu’il y a peu de considération attribuée aux situations de prostitution dans la prise en charge médico-sociale des jeunes. Un groupe d’étude est créé et met en évidence le tabou sexuel dans les services sociaux et le manque de données sur la prostitution juvénile. Une subvention est octroyée au Bureau de consultation jeunesse (BCJ) pour mener une recherche-action permettant d’explorer le milieu de la prostitution des garçons, de faire la lumière sur la situation et d’identifier des pistes d’intervention. Un noyau de 20 bénévoles, essentiellement des jeunes hommes pratiquant la prostitution, se constitue dans l’objectif de développer des ressources adaptées, originales et près de leurs réalités: le groupe s’incorpore en 1982 et donne naissance au Piamp. L’organisme se démarque d’emblée des discours réduisant les jeunes au statut de victime et propose une démarche d’intervention mettant de l’avant le libre-arbitre des jeunes. Grâce à l’engagement et aux initiatives des bénévoles et de l’équipe de travail, l’organisme prend ensuite la forme d’un « drop in », d’un centre de création et d’une banque alimentaire.

Dans les années 90, le travail de rue devient un moyen important d’intervention au Piamp. En outre, la vie associative permet à l’organisme de développer de nombreux projets: le Piamp demeure un incontournable au sein de la communauté montréalaise.

Au début des années 2000, observant que la rue est de plus en plus désertée par les jeunes qui échangent des services sexuels, le Piamp réalise qu’il doit s’adapter aux changements sociaux, aux nouveaux moyens de communication et à la nouvelle réalité virtuelle. En ce sens, l’organisme organise un colloque en 2011 afin de réfléchir à la prostitution des jeunes à l’ère du numérique. Cet évènement permet au Piamp de réaliser qu’une actualisation des services doit être effectuée.

En 2014, une nouvelle équipe de travail prend la relève et réfléchit à la mission de l’organisme, explore le travail de rue dans les quartiers montréalais et ouvre le dialogue avec les jeunes de la nouvelle génération dans le but d’adapter les services du Piamp. En 2019, l’organisme vit une reconsolidation importante: l’équipe questionne à nouveau ses pratiques d’intervention et réfléchit à des alternatives afin de rejoindre davantage les jeunes. Nourrit par ces réflexions, le Piamp a de grands projets pour l’avenir et est particulièrement actif dans la communauté afin de répondre aux besoins des jeunes.

Table ronde des ancien·nes du Piamp

À l’aube de célébrer les 35 ans du Piamp, les « ancien·nes » se regroupent pour discuter des débuts de l’organisme et de son apport dans la société qui niait l’existence des échanges de services sexuels contre toute forme de rémunération chez les jeunes. Au sein de cette vidéo, le Piamp vous présente Gilles Tardif, Jean-Guy Nadeau, France Tardif et Stéphanie Ricard, ancienne directrice du Piamp .

La discussion se poursuit sur l’histoire de l’organisme, qui inclut l’ouverture d’un drop in pour les jeunes, un lieu significatif où ils·elles pouvaient recevoir de l’accompagnement et des réponses à leurs besoins. Les assemblées des membres actifs (ASMA) font aussi l’objet de la discussion.

Pour terminer, l’approche du Piamp auprès des jeunes qui échangent des services sexuels contre toute forme de rémunération est discutée. L’intervention, notamment par le biais du travail de rue, prend la forme d’un accompagnement basé sur la confiance et la valorisation de l’autonomie des jeunes. Le Piamp ne vise pas à réhabiliter les jeunes: il vise à les soutenir et à répondre à leurs besoins sans jugement.